L’évolution des prix agricoles ne justifie plus l’inflation
En conférence au Salon de l’agriculture, l’Observatoire de la formation des prix et des marges a révélé un premier bilan semestriel de l’année 2023, en attendant le rapport final prévu au printemps.
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Les crises successives du Covid et de l’invasion russe en Ukraine ont sans conteste continué de peser sur la répartition des marges mais plusieurs différences selon les filières et les produits sont à noter. Pour sa conférence de presse au Salon de l’agriculture, l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) a publié le 29 février 2024 une analyse partielle, sur le premier semestre de l’année 2023.
Des marges brutes qui se reprennent en aval
Entre le premier semestre de 2022 et le premier semestre de 2023, l’OFPM a relevé un changement majeur par rapport à la période précédente. Si la hausse du prix des matières premières agricoles a été partiellement absorbée par une réduction des marges des industriels et de la distribution sur la première période, la tendance s’inverse depuis. « Les dynamiques des premières années d’inflation avec une forte compression des marges de l'aval sont moins vérifiées sur le premier semestre de 2023 », relève Pierre Claquin, directeur des marchés, études et prospective de FranceAgriMer.
Avec le recul des cours des matières premières agricoles, ce sont désormais ces marges de l’aval qui soutiennent l’inflation des prix au consommateur. Des marges brutes qui ont été renchéries par une hausse des coûts de production dans les industries et magasins, notamment avec le poste de l'énergie, mais aussi par un phénomène de rattrapage de leur marge nette. « Il y a un effet de compensation assez fort. Une recomposition des marges de l'aval sur les produits pour lesquels ça avait le plus progressé » note Pierre Claquin.
Les charges s’alourdissent
La corrélation entre le prix de vente par l’agriculteur et le prix des denrées alimentaires en magasin s’estompe, mais les produits ne sont pas tous logés à la même enseigne. Ainsi dans le panier de produits scrutés par l’OFPM, les pâtes sont un bon exemple de ce phénomène. Alors que le prix du blé a chuté entre le premier semestre de 2022 et le premier semestre de 2023, les prix chez les distributeurs ont poursuivi leur hausse, impactés seulement par la hausse des marges brutes en aval. Dans de moindre proportion, le pain a connu le même sort.
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À l’inverse, pour les produits laitiers comme le camembert ou le beurre, ce sont les matières premières qui ont soutenu la hausse de prix. Mais à la différence de la période de 2021-2022 où l’aval avait vu ses marges brutes s’écraser, elles sont plus importantes entre les premiers semestres de 2022 et de 2023. Pour l’ensemble des produits, « la hausse des matières premières agricoles explique une inflation de 8,3 % en moyenne sur les 15,4 % mesurés pour le panier », précise l’étude.
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Les entreprises de l’aval ont donc vu leurs coûts augmenter mais c’est aussi le cas du côté de producteurs. Ainsi, l’OFPM a vu les prix des engrais bondir de 75 % entre le premier semestre de 2022 et celui de 2023. Puissante également, la hausse du coût de l’alimentation animale avec +33,6 % ou celui des énergies et lubrifiants qui a crû de 41,1 %. Avec la baisse quasi généralisée des prix des matières premières agricoles et cette augmentation observée des coûts de production on comprend mieux le désormais célèbre « effet ciseaux ».
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